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Vivre à l'Est

Vivre à l'Est


Mercedes-Benz Fashion Week S/S 2015

Publié par Lucas sur 5 Novembre 2014, 11:37am

Une fois de plus convié à la Mercedes-Benz Fashion Week collection "-15 degrés ressentis", il était de convenance d'inviter quelques uns de mes amis, et de faire partie du "front row" du gratin moscovite.
Un grand merci à G.H pour sa plume.
Dans le temple de la mode qu'est ce grand hangar semi industriel ; le « manège », situé en face du kremlin ; dans une froide journée, se préparant aux exhalaisons de l'hiver à venir, débute le grand voyage des oiseaux vers les chaudes terres de migrations : pigeons et consorts. Au milieux de ce ballet incessant, de cette vie animalière, entouré de ces piaillements joyeux, se trouvait en face de moi, noblement posé sur une chevelure dorée, amarré sur un serre-tête noir : deux grandes ailes de pigeons morts. C'est la mode qu'on me dit ! La mode ! Voyant ces ailes fléchir, je proposai mon aide, uniquement intéressé par l'exaltation du beau, à cette jeune femme en détresse dont l'atour ne reflétait alors plus le faste ancien avec lequel elle arborait comme icône d'esthétique : le totem de la chasse au plomb.
Un long silence morne, une morgue faisandée, un visage crispé. Ne sachant pas si sa non réponse fut une concentration trop forte de substances toutes, dans les moindres pores de sa peau, l'empêchant de sourire, rire ou même parler, la peau gonflée de ce qui devrait la mettre en beauté, ou plutôt le résultat de son appartenance au milieu de la mode duquel il me semblait, à son regard ; exclu.
Je passai alors mon chemin, franchissant les portes delphiques du temple Mercedes de la mode moderne, et de ses grands tissus noirs étendus, dans le vrombissement électronique.
L'hernie qui surgit, dans l'armature de fer, pensée parallèle. Le grotesque qui s'extraie, d'un bloc se détachant, la peau, lambeau par lambeau, de la carapace, de ces métaux, de béton, armé du reflet de lumière, caressant, l'impersonnalité, personnellement fausse, crée, dans l'oubli. Cavité quadrillée du lieu entassant les corps, symétriquement, disposés, dans les mêmes lignes carrées, où ils reposent. Corps mécanique, courbé, sous l'échine, de ce qui est donné à voir : les lumières, les sons ; les tam tam électroniques d'un moteur à piston, effluves de violence, de désir, confinés à l'antre hermétique.
Agencement parfait d'une cavité de lignes. Murs en boite à gant sombre d'attaque halogène, lignes sur le sol, blanche, extrayant de sa propre lumière, des regardants, entassés, en montagne de chair, superposée. Conflagration des plans. Le mécanique vivant ; le vivant mécanique.
Dans l'ordre institué du chemin à suivre, du placement adéquat de ces femmes, employées, surveillant ton ordre de positionnement sur un bout de papier estampillé, au nom de la reconnaissance, qu'on peut te porter, plus ou moins haut, sur les marches, mouvement des lignes ; mise en branle.
Corps assis sur les strapontins de velours noir, entassés, l'un sur l'autre, l'un à côté de l'autre, se battant, dans la danse, des vêtements exposés, à la réaction cutanée, de la soie, de ton voisin de pallier. Sous la lumière bleue, de ces flots lumineux, cliquetis de boitiers à photo, où, la peau devient lisse, perd, sa disparité ; de points d'attache, où, accrocher ton regard, lui même, dans mouvement de l'action , perdu.
Musique du mouvement, de va et vient, des cous qui se tordent, suiveurs, attentifs de la saccade, des mannequins penchés en arrière, point de rupture de la colonne, poussés dans leur posture, cassée, le dos en branle, les vêtements portés sous leurs corps nus sentant l'asphalte de leur froideur. Superposition de l'horizontalité de ces être serrés, au point d'étouffer, assis, l'un sur l'autre. Dans la mécanique ligne, de la technologie apprêtant la salle de ses parures factices d'absurdité, le spectacle à voir, avance, en un serpentement de danse, les plans carrés, de la salle sans vie.
Froideur des matériaux, détruisants leurs anciennes lignes, réaction directe, à ces abats de chair automatiques, aussi froids, que la lumière qu'ils reflètent. Plans, nés pour être droits, se mettent à danser, dans le chaos de l'ombre portée, produite par les spots tenus sur l'armature aluminium, reflétant sa propre lumière, sur la scène blanche, touchant le plafond.
La profondeur des trois superpositions de couleur, forme sur ces corps, une tête qui n'est plus que bouton de regard, condensant, en une image, trois secondes, pas moins, de réception imagée.
Et le mouvement, la vie qui nait, de cet impersonnel, chemin vivant, bâillement de cils des teintes bleutées, marquant de leur clair obscur, voulu, les stades du chemin à suivre, dans intensité, regard concentré.
Festin visuel, une fois fini, tout s’accélère, vert, jaune, rouge, : de cœur, musique assourdissante, pulsation visuelle, l'homme entassé, lassé, dans les remous de son rituel, d'un coup, fini. Réveil.
Et les armatures, redeviennent, droites, et les corps, se remettent en mouvement, désordonnés, individualisés. Le bloc de corps, prend fin, dans la désillusion de l'espèce.
Mercedes-Benz Fashion Week S/S 2015
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